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Election tunisienne : la campagne a lieu aussi à Paris

Interview de Mustafa Ben Jaafar accordé au Nouvel Observateur le 16/06/2011

(NDLR: Dr Ben Jaafar a rendu visite le 15/06/2011 aux citoyens Tunisiens de Genève avant une rencontre avec les Tunisiens de Rhône-Alpes)

Quel est le but de votre visite à Paris ?

– Je viens rencontrer les Tunisiens, dialoguer avec eux et faire connaître d’avantage le parti. Je viens discuter avec eux des sujets d’intérêts pour les Tunisiens de Tunisie et de France. Je viens faire davantage connaître un parti qui a été l’objet d’une répression sans limite du temps de Ben Ali. Nous essayons de mettre les bouchées doubles. Les Tunisiens, vous savez ne connaissent pas du tout la vie politique et leurs partis.

Les sondages signalent que la moitié environ des Tunisiens ne sait pas pour qui ils voteront au prochain scrutin. Cela vient de cette ignorance ?

– C’est un résultat logique vue l’accaparation des médias par le clan Ben Ali. Et cela nous pousse à mettre les bouchées doubles pour nous faire connaître auprès de l’opinion publique. Il est certain que le report de la date des élections est quelque chose d’intéressant pour nous. Je ne me fais cela dit pas de souci. Car si nous manquons de popularité, nous avons une crédibilité marquée dont nous voulons nous servir pour pousser à voter pour nous.

L’immeuble du 36 rue Botzaris a été évacué ce matin. Qu’en pensez-vous ?

– Je déplore cet acte. D’autant plus qu’un accord quant à la cogestion de cet immeuble par les immigrés n’a pas été respecté. La décision par les autorités tunisiennes de leur faire quitter les lieux est une surprise pour nous et un choc. Je vais voir avec mes camarades de la section pour peut-être m’y déplacer.

La situation est encore très dure en ce moment en Tunisie. On entend parler de grèves, de tensions entre tribus… Le report des élections est-il une bonne chose pour le peuple tunisien ?

– Le report de l’élection est une garantie pour que ces élections soient de vraies élections. Jamais nous n’aurions accepté des élections bâclées. Et cela aurait entraîné des conséquences gravissimes. Il faut réussir ce rendez-vous historiques des élections. Et il faut assurer plus de sécurité et de stabilité. La sécurité s’améliore progressivement et sur le plan de la stabilité il est vrai que nous assistons à des revendications sauvages, parfois justifiées, mais il faudrait raison garder et organiser cette contestation pour qu’elle ne nuise pas à la situation économique.

Vous et le FDLT avancez des solutions aux demandes sociales dans le pays ?

– Nous nous y attelons depuis le départ de Ben Ali. Nous travaillons à notre transformation d’un parti d’opposition en un parti de propositions mais la situation revendique des solutions urgentes qui sont entre les mains du gouvernement en place. Il fait absolument investir le plus possible dans les régions déshéritées et créer des emplois pour les jeunes diplômés et pour cela il faut des mesures urgentes que nous appelons de nos vœux. Or le gouvernement ne répond pas aussi vite qu’il faudrait à cette urgence. C’est une période de transition qui reste délicate.

Interview de Mustapha Ben Jaafar, fondateur du parti tunisien Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) par Céline Lussato – Le Nouvel Observateur

(Le jeudi 16 juin 2011)

 

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