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Un an après, paroles de militants

Pour ce jour anniversaire de la révolution, nous avons choisi de donner la parole aux militantes et aux militants d’Ettakatol France. Nous avons recueilli pour vous leurs témoignages sur leurs « 14 Janvier », la raison de leurs engagements sur le terrain politique et leurs analyses de la situation politique du pays…

1.     Comment avez-vous vécu la journée du 14 Janvier 2011 ?

Héla O.

Comme la plupart des Tunisiens, cette journée restera pour moi inoubliable!

Comme les jours précédents (depuis mi décembre), j’étais toute la journée sur internet à surfer sur plusieurs sites en même temps afin d’avoir le maximum d’informations et essayer de décortiquer le vrai du faux. Comme beaucoup de Tunisiens, j’avais l’ordinateur d’un côté et le téléphone de l’autre pour appeler toutes les 5 min ma famille sur place.

Ce jour là, nous savions que le 14 janvier serait une journée importante, en effet après le discours de la veille, nous nous demandions si le peuple lui referait confiance, s’il avait réussi à calmer la population et si la grève/manifestation prévue allait avoir du succès. Mais heureusement, les Tunisiens ont tenu bon, les premières images de la manifestation « Dégage » ont circulé et les premières rumeurs de départ également!

A Paris, une manifestation était prévue, nous avons eu confirmation du départ du dictateur en nous rendant à la manifestation qui s’est transformée en une grande fête improvisée dans la rue!

Une journée inoubliable que j’aurai aimé vivre à Tunis…

Mehdi B.S

Ce jour historique restera à jamais gravé dans ma mémoire. Déjà je me rappelle, le matin je ne pouvais pas aller travailler. Je savais qu’il allait se passer quelque chose, en effet, les choses se sont accélérées dans la mi-journée. Je guettais d’un côté Facebook, de l’autre Twitter et Al Jazeera sur la télévision, il faut dire que la frustration était grande de ne pouvoir être avenue Bourguiba.

Et puis ça y est ça commence ! Manifestation monstre dans la grande avenue, on annonce trente mille manifestants, puis quarante mille, on parle de cent mille…la révolution est en marche !

Les évènements s’accélèrent, on annonce l’arrestation de certains proches de Ben Ali dans l’aéroport, les rumeurs fusent de partout, le téléphone n’arrête pas de sonner, tout le monde est sur le qui-vive, on n’a plus le temps de réfléchir, de savourer. Vers 18h mon téléphone sonne, « L’avion du président a décollé de l’Aouina je l’ai vu de mes yeux »…il est parti ? Ou pas ? Ma source était fiable, mais à ce moment-là qui était fiable? Etait-ce vrai ?

Encore le téléphone, « tu regardes Tounes 7 ? », « Mets tunis 7 !, Mets tunis7 ! »

C’est incroyable il est parti il est parti !!!

2.      Quels étaient vos espoirs et vos craintes à ce moment ?

Ali L.

Je n’avais que de l’espoir car les slogans de la Révolution étaient ceux de la tolérance et de l’humanisme.

Ibtissem  O.

Les quelques heures d’espoirs qui ont suivi ont bien vite cédé la place à la crainte de voir le pays sombrer dans l’anarchie et l’insécurité la plus totale. Si certains voulaient le pouvoir, il n’y avait pas de meilleur moment…

3.      Après le 14/01, qu’est ce qui vous a incité à vous impliquer personnellement dans le militantisme politique ?

Fethi O.

Après des années de « bénalisme », il n’était plus question de rester spectateur et de subir « le changement » qui pour une fois, venait des Tunisiens eux mêmes.

Sondes Z.

Je ne voulais pas avoir à me dire un jour, qu’as tu fais pour défendre les libertés dans ton pays ?
Et si mon pays acquiert des principes démocratiques, je serai fière d’y avoir participé.

Sélim B.A

Une envie indescriptible de participer au destin de mon pays, d’accomplir un rêve et de se montrer digne de mes compatriotes qui avaient fait tomber la dictature au péril de leur vie : payer une dette au peuple tunisien pour ne pas avoir été là en ce moment historique et, en particulier, à nos compatriotes des régions et des classes sociales les plus défavorisées.

Et aussi, si, par malheur, les choses se passaient mal, je ne voulais pas me dire un jour que je n’avais rien tenté de faire.

4.      Qu’est ce qui vous a amené à rejoindre  les rangs d’Ettakatol en particulier ?

Adel BHY.

Je me suis laissé quelques mois de réflexion, pour voir les différents partis, leurs réactions et leurs façons  de faire face aux différents événements. Le choix était restreint dans le camp de la gauche, et mon choix a naturellement convergé vers Ettakatol étant donné que c’était le seul parti qui avait une stratégie cohérente basée sur une vision politique à long terme.

Ines K.

Son positionnement centre gauche correspondait pleinement à mes convictions politiques personnelles, et le dynamisme et l’enthousiasme des militants que j’avais pu rencontrer ont fini par me convaincre.

Sélim B.A

J’ai voulu m’engager politiquement dans un parti représentant mes idées et qui soit pragmatique : de gauche, progressiste sur les plans économique et social comme sociétal et en phase avec la réalité d’une société tunisienne très attachée à son identité arabo-musulmane. Ettakatol m’est apparu le plus proche de ce que je recherchais. La réputation d’intégrité de M. Ben Jâafar a également joué.

5.      Un an après la Révolution, quelles sont les avancées dont le pays peut se prévaloir et dont vous êtes fier(e) ?

Karim Z.

Je pense que nous pouvons aujourd’hui nous réjouir d’avoir gagné en liberté de parole, les Tunisiens découvrent le discours contradictoire et nous nous enrichissons tous de cette nouvelle liberté, que ce soit sur le plan des médias, de la culture ou de l’esprit d’entreprise…

Ali L.

Nos premières élections libres, démocratiques et transparentes !

Sophia B.S

La Liberté d’Expression, le Multipartisme… Le débat politique souvent de bon niveau ! La démocratisation de la discussion devenue publique !

6.      Un an après la fuite du dictateur, quels sont les points sur lesquels vous êtes particulièrement vigilent(e) ?

Adel BHY

Si aujourd’hui les Tunisiens sont libres de s’exprimer dans la sphère publique, il ne faut pas considérer  cette nouvelle liberté comme acquise. Il faudra la défendre sans cesse face aux tentations autoritaristes de certaines forces politiques. Mais ma plus grande inquiétude concerne bien évidemment la situation socio économique qui est la première urgence. Comme beaucoup, je connaissais l’existence de la pauvreté en Tunisie, mais je n’ai découvert son ampleur qu’avec le départ de Ben Ali.

Ce chantier doit être la priorité absolue mais je crains que les forces au pouvoir n’aient à l’œil que le calendrier politique.

Sélim B.A

La situation économique et sociale, les inégalités sociales et régionales et l’urgence de jeter les bases des premières mesures à défaut de quoi la Tunisie pourrait s’exposer au chaos.

Les tentatives de déstabilisation de la Révolution par les relais de l’ancien régime.

Sondes Z.

La récupération de la révolution populaire et jeune par les intégristes. Les extrémismes et la régression du statut de la femme.

7.      Quel regard portez-vous sur la configuration politique actuelle (répartition des pouvoirs entre la Troika, les premiers pas du gouvernement, les premiers débats à l’assemblée constituante…)

Adel BHY

Pour l’instant la classe politique souffre de son manque d’expérience, le niveau des débats laisse parfois  à désirer. Mais une chose est sure il y a bien un débat et des opinions contradictoires qui s’expriment librement. Le reste viendra et l’apprentissage prend du temps…

Bochra M.

Je souhaite rester optimiste! Je pense qu’il était nécessaire de faire un gouvernement d’intérêt national, afin qu’il y ait des contre pouvoirs au sein du gouvernement.

Il est vrai que le gouvernement a eu du mal « à démarrer » mais nous sommes tous en période d’apprentissage…

Je n’ai pas eu l’opportunité de suivre beaucoup de débats mais le fait que toutes les séances soient diffusées en direct est très positif. Par ailleurs l’association open gov met tout en œuvre pour continuer à garantir cette transparence.

Sélim B.A

La répartition des pouvoirs aurait pu être mieux négociée. Ettakatol et le CPR doivent tisser des liens avec les partis restés hors de la coalition et la société civile. Graves « faux pas » d’Ennahda sur les nominations dans la presse écrite. A l’ANC, certains députés exploitent trop la tribune télévisée à des fins électorales alors qu’il faudrait faire avancer le processus plus rapidement.

8.      Comment envisagez-vous votre action militante après ces premières élections ?

Adel BHY

Ça  ne fait que commencer !! Rien ne se fera sans la participation et la contribution de tout le monde. Le vrai travail de fond, c’est maintenant.

Sondes Z.

Me battre, toujours et encore pour instaurer la démocratie et les libertés en Tunisie mais aussi la démocratie interne, à travers mes actions politiques et l’animation du groupe Ettakatol-France.

 

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