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Tunisiens de France, des tunisiens à part entière !

Ettakatol France a organisé durant sa campagne une série de cafés politiques qui l’a amené à rencontrer plusieurs tunisiens de France. De profils différents, ils portent tous en leur cœur un amour indéniable pour la Tunisie et un espoir pour un avenir meilleur. Suite aux élections, nous avons recontacté deux d’entre eux, Chriraz et Amir. Tous les deux issus de la deuxième génération ; ils ont accepté de nous livrer leurs témoignages.

1.     Comment avez-vous entendu parler des cafés politiques organisés par Ettakatol, quelles ont été vos attentes par rapport à cette rencontre et quel retour en faites vous ?

Chiraz : 

« J’ai donné mon adresse mail aux représentants d’Ettakatol qui faisaient une opération de tractage devant le consulat quand je suis allée m’inscrire. Un mail d’invitation m’est parvenu par la suite auquel j’ai répondu.

Je suis venue pour prendre connaissance du climat politique et pour avoir une idée sur le profil des personnes qui y participaient ainsi que le niveau d’échange entre les intervenants.

J’ai remarqué que les interventions étaient pertinentes et suscitaient des interrogations réelles. Le projet paraissait intéressant mais suscitait des questions par rapport à sa réalisation; notamment aux moyens à mettre en œuvre pour le réaliser. Je trouve qu’Ettakatol devrait mieux travailler son argumentaire concernant les moyens financiers pour que ce soit plus crédible. »

Amir :

« J’ai envoyé une demande d’adhésion suite au meeting où Mustapha Ben Jaafer a intervenu. Par la suite  j’ai été informé par mail de la tenue  des cafés politiques et je me suis inscrit.

J’ai déjà assisté à d’autres cafés politiques dans d’autres circonstances qui n’ont rien à voir avec les élections tunisiennes. Mes attentes étaient de rencontrer les militants et les adhérents d’Ettakatol et de voir si nous partageons les mêmes valeurs socio-démocrates et un certain progressisme sur les sujets de sociétés. »  

2.     Ces rencontres vous ont-elles aidées à mieux cerner le nouveau paysage politique tunisien ? Et  comment cela  vous a-t-il aidé à faire votre choix de vote?

Chiraz:

« Cette rencontre m’a donné quelques réponses mais je trouve que c’est aux citoyens de se donner la peine de rechercher et de se renseigner sur différents supports pour pouvoir faire leurs choix. Ne surtout pas être passif ! L’inconvénient pour les tunisiens de deuxième génération c’est de n’avoir accès qu’à ce qui est écrit en français et d’être privés des articles écrits en arabe. Ca serait bien que ce soit traduit. J’ai l’impression que certaines informations, propagées en arabe nous échappe. »

Amir :

« Je ne dirai pas qu’elles m’ont aidé à cerner le nouveau paysage politique. Pas forcément puisqu’elles étaient concentrées sur la présentation d’Ettakatol et de son programme. Par contre elles m’ont bien aidé à faire mon choix politique. »

3.     Qu’est ce qui a changé en vous depuis la révolution tunisienne ?  vous sentez –vous davantage concerné par la vie politique tunisienne ?

Chiraz :

« Dans mon  entourage il y a toujours une connexion avec la Tunisie. Ce qui a changé depuis la révolution, c’est qu’on se connecte quotidiennement pour rechercher l’information, la presse et les critiques. »

Amir :

 « J’ai de nouveau l’espoir. J’ai grandit avec l’idée que rien ne changerait en Tunisie et cette révolution a ravivé mon espoir pour l’avenir de ce pays. J’ai toujours été concerné par la vie politique tunisienne. J’ai participé à certaines manifestations devant l’ambassade à l’ère  Ben Ali. Mais je me sens davantage concerné maintenant. »

4.     Vous êtes nés et vous vivez dans un pays démocratique qui bénéficie de certaines avancées sociales et économiques. Sur quels domaines (éducation, coopération économique…) souhaitez vous qu’il y est une coopération étroite entre la Tunisie et les pays de la rive nord de la méditerranée ?

 Chiraz :

« Je pense que la Tunisie doit créer son propre modèle. Il y aura certainement des repères auxquels il faut se référer. Par exemple, la Tunisie a hérité du système de sécurité social français mais je ne pense pas que les modèles français ou européens actuels correspondent aux caractéristiques tunisiennes. Je pense que c’est aux tunisiens d’inventer leur propre modèle. Si on doit se baser sur le modèle français, il faudrait analyser ce qui ne va pas pour ne pas le reproduire. »

Amir :

« Je suis né en Tunisie et je suis venu en France à l’âge de 2 ans. La Tunisie devrait travailler en étroite collaboration dans le domaine environnemental parce que les français et les allemands ont besoin d’énergie qu’on pourrait leur fournir. Je pense notamment à l’énergie solaire ou éolienne. On pourrait être producteurs d’énergie propre et eux peuvent nous aider dans l’investissement initial (dans un rapport gagnant/gagnant bien sur). Dans le domaine des infrastructures aussi, les européens pourraient nous apporter leur savoir faire et leur expérience. Sur le domaine de l’éducation moins, parce que l’idée serait de se reconstruire autour de nos caractéristiques et de nos valeurs. »

 5.     Quels espoirs portez-vous pour l’avenir de la Tunisie depuis la révolution ?

 Chiraz :

« Que les libertés et les égalités soient respectées. C’est des valeurs fondamentales qui devraient être instaurées.

J’ai envie surtout qu’il n’y ait pas de deuxième révolution qui éclat, que les choses se fassent de manière pacifique. »

Amir :

« L’équilibrage entre les régions, les riches et les pauvres, les hommes et les femmes. Que les minorités qui existent ou qui vont exister puissent être défendues. Par exemple, il existe en Tunisie une minorité de Bahaï qui a peur de se révéler. Il existe aussi des chrétiens et des juifs. Pour qu’elles existent, il faut qu’elles aient la possibilité d’être visibles. Les noirs souffrent aussi de racisme et doivent être défendus « .

6.     Quelle est votre sentiment par rapport aux résultats des élections du 23 Octobre ?

Amir et Chiraz :

« Il y a forcément une surprise et une déception sur le résultat général mais il faut être positif et relativiser. Nous avons un an pour observer les évolutions et les actions du gouvernement donc attendons ! « 

 7.     Et la réaction de vos parents ?

Chiraz :

« Ca va dans le même sens que moi, ils ont été surpris notamment par rapport aux résultats en France bien qu’ils soient de la première génération « traditionnelle». 

Amir :

« Celle de mes parents est différentes. Ma mère qui est encore dans l’ancien chemin politique bourguibo/benaliste (basé sur l’écrasement de l’autre et l’imposition par la force de son idéologie) est dans une situation d’appréhension. Mon père est content. »

8.     Pensez –vous que les Tunisiens de France et notamment ceux issus de la seconde génération ont des attentes particulières par rapport à la configuration politique tunisienne ? et quelles sont –elles ?

Chiraz et Amir :

« Nous ne pouvons pas parler au nom de tous les tunisiens à l’étranger. Nous pensons que les attentes sont variées et qu’elles dépendent des appartenances sociales en France qui déterminent un peu les choix. »

 9.     Alors quelles sont vos attentes à vous à titre personnel ?

 Chiraz :

« Mes attentes rejoignent celles que j’ai exprimée dans la question 5 (c’est-à-dire liberté et égalité) »

Amir :

« Que la Tunisie aille vers un véritable système transparent et que le processus démocratique enclenché aille jusqu’au bout et qu’il soit porté des personnes volontaires et honnêtes. »

10.  Seriez –vous prêt à venir vous installer dans le pays de vos parents ?

Chiraz :

« Oui si le climat politique correspond à mes attentes »

Amir :

« C’est envisageable et même souhaité mais pas dans l’immédiat » 

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