Billet d’humeur de Fatma Bouvet paru dans Aufeminin.com
Les Tunisiennes viennent de célébrer leur 55e anniversaire de droit de vote. Elles ont acquis très tôt après l’indépendance leur émancipation. Les femmes tunisiennes ont aujourd’hui le même profil d’instruction et de compétences que les Françaises. Avec près de 100 % des enfants scolarisés, un taux élevé de féminisation des effectifs universitaires (65 % en médecine) et dans la magistrature, 18 000 entreprises dirigées par des femmes, un code de la famille progressiste et égalitaire interdisant strictement la polygamie, le planning familial, une maîtrise de la contraception sans équivalent dans le reste monde arabo-musulman…, la Tunisie se démarque nettement des standards en vigueur au sein des autres sociétés arabes. Il faut rappeler que la révolution a été menée aussi par des femmes, produit d’une modernité mal connue en Occident.
Il est certain qu’elles doivent à présent occuper des sièges d’élues pour contribuer à proposer et voter les lois de Tunisie nouvelle, afin de représenter la citoyenne tunisienne. Car qui d’autre que les femmes peut parler de problèmes de femmes ?Je suis convaincue qu’une société où les femmes sont éduquées ne peut pas régresser quels que soient les moyens que les réactionnaires utilisent pour les écarter de la chose publique. Les Tunisiennes, je les connais, d’où qu’elles viennent, quel que soit leur niveau économique et social, elles sont des battantes. Elles sont des descendantes de la guerrière Kahina et de la fondatrice de Carthage Elyssa (Didon) dont le courage et la détermination sont légendaires.
par Fatma Bouvet, psychiatre et addictologue
auteure de « Le Choix des femmes » aux éditions Odile Jacob