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Projet d’Ettakatol pour l’éducation: Qualité, formation et employabilité

Article publié dans le Journal Le Temps le 18 Septembre 2011

  • Réforme du système d’orientation par ordinateur
  • Revalorisation de la formation professionnelle
  • Création d’ un observatoire des métiers

L’avantage dont peuvent se prévaloir des partis politiques non dogmatiques et non verrouillés par des préceptes idéologiques intouchables, c’est qu’ils offrent la possibilité d’avoir des débats contradictoires, profonds et concrets sur les diverses questions d’intérêt national. Le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés Ettakatol, en a fait la démonstration, lors de la table ronde, plutôt atelier, consacré à l’éducation, vendredi dernier.

Une commission d’une trentaine de cadres du parti et un atelier d’une dizaine d’experts avaient préparé le projet d’Ettakatol concernant l’éducation, fruit de huit mois de laborieux travail. Le cap est tracé : révolutionner le système éducatif pour lui rendre ses titres de noblesse et son rôle d’ascenseur social.

Devant une assistance nombreuse, Jawhar Ben Zid devait placer le débat dans son cadre en affirmant, en substance, qu’il faut « élaborer un système d’éducation formant une génération de citoyens responsables et actifs. Le système éducatif doit être conçu avec une vision participative. C’est une question stratégique qui intéresse toutes les catégories sociales ».

Il s’agit de faire émerger une jeunesse citoyenne, autonome et créative, garantissant à tous les enfants tunisiens un enseignement de base obligatoire, de qualité et gratuit incluant l’année préparatoire. 70% des enfants ne fréquentent pas les jardins d’enfants. Le nombre des jardins d’enfants publics est en baisse. Ils sont presque inexistants dans les régions rurales et les zones d’éducation prioritaires. 80% d’éducateurs non formés exercent dans ces jardins. Il faut créer des jardins d’enfants dans les zones rurales et l’Etat peut prendre en charge les frais d’inscription pour les familles à faible revenu.

Mme Lobna Jéridi, Coordinatrice générale du programme Ettakatol, a commencé par faire un diagnostic mettant en relief, les faiblesses du système éducatif actuel, avec ses disparités régionales, l’abandon scolaire, surtout au primaire, une pédagogie tournée plus vers la mémorisation que l’analyse…70% de nos enfants rêvent de la fonction publique, considérée, seule issue professionnelle. Le baccalauréat est mis au rabais. Il y a un surnombre de bacheliers et quelle qualité !

Ettakatol se fixe plusieurs objectifs, dira Mme Jéridi. Le premier enjeu est d’éradiquer l’abandon scolaire. Il faut que l’Internet soit maîtrisé à l’âge de 13 ans.

Il faut supprimer graduellement, l’orientation après le bac, par ordinateur.

La formation professionnelle doit évoluer vers une formation technique. Le taux des apprenants dans la formation professionnelle, à réhabiliter, doit passer de 10% à 30%. Le système généraliste est surpeuplé, pour rien.

L’enseignement secondaire devra être structuré, autour de deux principales filières : l’enseignement général et l’enseignement technologique, reliées par des passerelles. L’enseignement technologique sera basé sur les filières à forte employabilité. Il permettra d’accéder à différents niveaux de qualifications diplômantes pouvant aussi conduire à l’enseignement supérieur. La formation professionnelle ne doit pas être sous-estimée. Elle ne doit pas servir de voie de repêchage pour ceux qui ont échoué. Sa réforme s’impose pour mieux répondre aux besoins du marché de l’emploi.

Il s’agit de mettre en œuvre des réformes structurelles du système éducatif, par la redéfinition des objectifs pédagogiques, de la méthodologie d’enseignement et des programmes.

Au niveau de l’enseignement supérieur, Ettakatol, propose la mise en place d’un premier cycle commun, par grande famille de discipline. L’orientation se fera au terme de ce cycle, en fonction des préférences de l’étudiant et des capacités d’accueil.

Mohamed Gargouri, Professeur universitaire, parlera de la Recherche scientifique qui doit être adaptée à l’environnement économique.

L’enseignement supérieur est très important. Il faut mettre en place un programme « ambitieux donnant aux institutions universitaires leur autonomie, en terme de gestion et de relation avec l’environnement économique et social, notamment le monde de l’entreprise, pour les impliquer davantage quant à leur objectif d’employabilité et de connaissance de l’environnement économique et social ».

On doit former de futurs dirigeants et entrepreneurs.

Il faut développer des pôles de recherche appliquée dans lesquels des chercheurs scientifiques peuvent être en contact avec des industriels, des start-up, des agriculteurs qui essayent de nouvelles méthodes…

En pensant à la vie de l’étudiant, il faut revaloriser les bourses et les prêts universitaires.

Pour augmenter l’employabilité des diplômes, un observatoire national indépendant sera créé. Il permettra une évaluation et une approche prospective de l’enseignement en adéquation avec le marché du travail et les métiers d’avenir et garantira la qualité de l’enseignement à tous les cycles.

Le chapitre « Education spécialisée » n’a pas été occulté par les experts d’Ettakatol.

Un intérêt particulier est porté aux personnes handicapées, pour prévenir le handicap, faire le suivi, assurer au handicapé une vie normale et lui garantir les conditions d’une vie décente.

L’expert Tahar Belakdhar a participé aux débats en brossant un tableau assez inquiétant sur la situation sans chercher à rejeter la responsabilité sur les autres. Il appelle à la création d’une association entre éducateurs qui réfléchissent aux problèmes du secteur et proposent des solutions.

Il avance deux chiffres : sur 10 millions d’habitants, nous avons 400 mille étudiants et 40 mille apprenants dans la formation professionnelle. C’est l’armée mexicaine.

Aux diplômés du supérieur qui rencontrent des difficultés pour intégrer le marché de l’emploi, il propose une formation qualifiante. Il s’est attaqué aux cours particuliers dans les disciplines scientifiques au secondaire qui dopent l’élève pour en faire en une tête de machine.

« L’orientation au baccalauréat a détruit l’enseignement secondaire », dira-t-il.

Des solutions existent. Il faut avoir du courage politique pour les adopter.

Hassine BOUAZRA

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