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Indépendance

par Hakim Bécheur

Après avoir vécu un événement aussi considérable que celui de la Révolution, la Tunisie fête ce 20 mars 2011 le 55ème anniversaire de son indépendance. Sans « Combattant Suprême » ni « Homme du Changement » pour lui dicter sa conduite. C’est en quelque sorte à un deuxième tournant historique que nous assistons. Celui où enfin la souveraineté du peuple sera la garante d’une vraie indépendance. Or force est de constater que jusqu’à présent, celle-ci a été successivement confisquée par un autocrate, certes éclairé mais autocrate tout de même, puis par un despote inculte et corrompu. Le peuple tunisien longtemps considéré comme mineur ou futile par ceux qui l’asservissaient est désormais adulte et responsable. Mieux, il apparait de jour en jour que plus personne n’est en mesure de lui imposer ses vues. La peur a disparu. En ce 20 mars 2011, un hommage particulièrement vibrant doit être rendu à ceux qui ont payé de leurs vies cette nouvelle indépendance.

Etat de droit

Seul l’Etat de droit que nous construirons ensemble pourra en assurer la pérennité. Nul besoin d’un « homme fort ». Bien au contraire : nous devons faire en sorte que l’égalité des citoyens soit scrupuleusement respectée, que la voix de la minorité (notion relative et évolutive dans le temps) soit entendue et protégée, que des contre-pouvoirs puissent contrôler l’action des gouvernants, dépositaires – toujours provisoires- de la souveraineté populaire.
L’égalité des citoyens n’est pas un slogan creux. Elle signifie concrètement que nul n’est au dessus des lois, quelque soit sa fonction ou son rang social. Elle suppose en retour que la loi soit égale entre tous quel que soit le sexe, la religion supposée ou la fortune du justiciable.
Dans une démocratie, les élections déterminent pour un temps donné une majorité et une minorité. La représentation de celle-ci doit être juste sur le plan politique. Aucune orientation idéologique ne peut prétendre faire taire les autres au prétexte qu’elle est ponctuellement majoritaire. La culture de l’alternance doit s’ancrer dans nos consciences de telle sorte qu’aucun parti ne puisse plus jamais confisquer le pouvoir « à vie ». A cet égard, nous devrons veiller à limiter dans le temps le nombre de mandats confiés à un individu quel qu’il soit et ce à tous les échelons de responsabilités.
Enfin, l’existence de contre-pouvoirs indépendants les uns des autres est indispensable. La justice doit être sanctuarisée. Pour ce faire, un conseil supérieur de la magistrature – élu- en sera le garant. La presse écrite et audiovisuelle doit être diverse : nul ne pourra s’accaparer les médias  à son seul profit. Une loi anti-trust devra être promulguée afin d’interdire une telle dérive délétère. D’authentiques démocraties n’y échappent pas. Il nous faut éviter ce piège où s’abime le pluralisme.

Une nouvelle constitution

En vérité, la page est blanche. C’est pourquoi le combat pour la Constituante est essentiel. Tous les démocrates veilleront à ce que les principes énoncés ici soient concrètement traduits dans la future Loi fondamentale représentée par cette nouvelle constitution tant attendue. A n’en pas douter le FDTL y prendra toute sa part avec les valeurs qui sont les siennes : citoyenneté, égalité et justice. C’est à ce prix que nous serons fidèles à la mémoire des combattants de la Révolution. Et que nous aurons vraiment conquis notre indépendance.
Bonne fête à toutes et à tous !

 

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